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Le courage des oiseaux

29 novembre 2010

Here lies one whose name was write in water

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J'ai regardé récemment Bright Star, le dernier film de Jane Campion sur la vie de John Keats, le célèbre poète romantique anglais. Le film est magnifique, incarnant à merveille le romantisme au sens littéral et littéraire du terme, dans les émotions décrites (d'une violences inouïes mais d'un contrôle total), comme dans les décors, en particulier cette abondance de fleurs et de jardins, toute droite sortie d'un tableau de Monet ou d'une aquarelle de Turner. Le soin apporté aux décors, des tissus d'ameublement aux robes extravagantes que l'héroïne se cout, tisse un écrin soyeux pour les émotions à l'eau forte des différents protagonistes. Cela m'a fait penser à deux autres grands films histoire d'amour absolue où deux êtres se ratent : in the mood for love (souvenez vous des robes différentes de Maggie Chueng presque à chaque plan) ou des Parapluies de Cherbourg (avec les tenues assorties au papier peint). Comme ces deux derniers films font partie de mon panthéon personnel, Bright Star m'a logiquement touché, de prime abord pour des raisons esthétiques.
Et puis il est question de John Keats, croisé finalement à plusieurs reprises de ma vie.
En 1986, je découvre les Smiths. En 1987, j'achète The Queen is Dead, à Berlin, sur le Kudam, coincé entre Tender Prey de Nick Cave et un album des Woodentops. Cet album est une des pierres angulaires de ma CDthèque. J'ai coutume de dire que ce disque à changé ma vie, 20 ans après j'en suis toujours convaincue. Dans cet album, sommet du songwriting de Morrissey et de l'harmonie parfaite et fusionnelle avec les guitares cristallines de Johnny Mar, un morceau évoque les risques du plagiat. Dans Cemetry Gates, Morrissey dialogue avec quelqu'un dit être protégé par "Keats and Yeats" qui seraient de son côté. Les deux poètes ont été probablement associés pour la rimes déjà (ils ne sont pas tout à fait contemporain l'un de l'autre), et ensuite parce qu'il était facile de les opposer à Wilde. Bref, je me suis intéressée à Yeats, à Keats puis à Oscar Wilde.
Au printemps 2010, à Rome c'est avec une émotion certaine que je me suis arrêtée devant la maison ou Keats est mort et ou il a vécu avec Shelley, petit demeure suspendu sur les escaliers de la Trinité des Monts, jointure entre la Piazza du Spagnia et l'église Trinité des Monts. Shelley d'ailleurs m'a aussi rappelé un amusant souvenir : j'ai un jour mangé 'sa' confiture de mûre, celle confectionné avec le mûrier de l'université de Cambridge sous lequel il dormait, caviar rouge partagé par les éminents professeurs de lettres de cette belle institution (dont les parents d'un ami).
Bref, Keats a croisé ainsi ma vie à plusieurs reprises son histoire m'a donc ému, touché et ses vers sont de ceux qui transportent. Le film transcrit ceci de manière parfaite, et fait de la poésie non pas une discipline que l'on peut enseigner mais un art sensible et insensé. Le poème qui clôt le film est une merveille de douceur et d'émotions naturalistes.

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21 octobre 2009

Ghost Train Tragedy, probable disque de l'année

coming_soon1J'ai eu la chance d'avoir en juin dernier la primeur du disque des Coming Soon. Je n'ai guère pu en profiter, ce dernier étant resté deux mois prisonniers d'une très jolie voiture, puis recraché dans un état piteux, avant de m'être rendu, inutilisable, 10 000 km plus loin. J'ai ensuite attendu patiemment la sortie officielle avant de me replonger dans l'écoute des 15 titres qui composent Ghost Train Tragedy.
Ce disque est une véritable réussite ; même si quelques morceaux affichent quelques faiblesses (vers la fin essentiellement), les 11 premiers composent un album miracle de maturité et de liberté.
Le choix d'une production quasi-inexistante déjà impose l'esthétique du groupe : les instruments ont de l'espace, les chansons respirent, déploient leur volute et l'on peut au gréer de l'écoute se concentrer sur telle ou telle harmonie. J'ai un faible pour la basse très présente et très chaude. Il ne s'agit donc pas là d'un groupe d'adolescents mal dégrossis demandant à un gentil producteur d'arranger des chansons inabouties pour les rendre radio-diffusables...Les chansons sont là, l'interprétation suit, et la simplicité de la production sert l'ensemble.
Ensuite, le fait que les chansons ne soient pas toujours chantées par le même garçon (soit Howard, soit Billy, soit Leo) évite la monotonie que ce type de musique pourrait provoquer. J'ai cependant une préférence pour la voix profonde et grave (une version teenage de Marc Laneghan) d'Howard, impression renforcée, pour ceux qui les ont vu sur scène, par le charisme hallucinant de ce grand garçon tout simple.
Les textes quand à eux sont d'une grande maturité, chaque chanson raconte un  bout d'histoire, comme autant de petites vignettes personnelles où il est beaucoup question d'amour, de nature (des arbres, des rivières...). L'écriture s'inscrit dans la lignée des grands songwriter anglais à la Ray Davies, ou plus près, à la Neil Hannon.

Enfin, la plupart des chansons sont des tubes, de ceux que l'on reprend à tue-tête (School trip bus crash-two surivor-i love you), dont les montées sont irrésistibles (steel wire)...L'écoute des 6 premiers morceaux devraient convaincre les plus réticents.

En les voyant sur scène, à la Bourse du Travail où ils ouvraient pour Dionysos, ils m'ont rappelé de manière évidente un de mes groupes anglais préférés. La comparaison n'est pas évidente sur le papier, Belle and Sebastian a beaucoup puisé son inspiration dans les 60's, mais en y réfléchissant ces deux groupes se ressemblent par leur talent  à s'approprier et réinventer un style plus ou moins établi pour produire une musique identifiable au premier coup d'oreille. Ils partagent le côté tribu sur scène, les instruments s'échangent, les musiciens bougent sans arrêt. Et cette grande impression de liberté. C'est si rare, que rien que pour cela, j'irai les voir à chaque fois que j'en aurais l'occasion.

9 octobre 2009

The Wire, série idéale

the_wire_2Depuis la fin des années 80, depuis l'inaugurale Twin Peaks, les séries font partie de ma vie. D'Urgence (qui fait que je me considère personnellement comme un médecin urgentiste !) à Six Feet Under, des Sopranos à Californication, de Sex in the City à 24H, je ne compte plus les heures passées à scruter le petit écran pour semaine après semaine suivre ces feuilletons modernes. Aujourd'hui, c'est In Treatment qui trouble mes soirées.
Quand les séries s'attaquent au domaine qui m'est cher en littérature, le polar et le roman noir, mes exigences montent d'un cran en général. La référence restait ainsi, sur ce créneau, New York Police Blues, à l'univers très inspiré de James Ellroy au travers de son personnage central, Andy Sipowicz, dont la rédemption est le fil conducteur des 7 saisons. Tout cela c'était avant The Wire, qui est à ce jour, ce que j'ai vu de plus brillant dans le genre.
The Wire se distingue des autres séries par la qualité de son écriture : David Simmons, ex-chroniqueur de faits divers, et Ed Burns, ancien policier, ont su s'entourer de plumes excellentes. Denis Lehane déjà, connu pour avoir écrit, entre autre, Mystic River. Georges Pelecanos ensuite, dont la quadralogie sur Washington est tout à fait remarquable. Richard Price enfin, écrivain et scénariste pour Scorsese.
Autant dire que chaque épisode, chaque saison (il y en a 5 en tout), sont particulièrement soignés que cela soit dans l'intrigue policière que dans le portrait sociologique de la ville de Baltimore où se situe l'action. Chaque épisode est conçu comme un mini-film, la réalisation est assez posée, pas d'hystérie, pas de plan séquence enchainé. Un récit qui prend son temps, pas d'effet de manche, pas de cliffhanger, pas de temps perdu avec des histoires parallèles. Ces traits sont si caractéristiques qu'il est même un peu difficile de rentrer dans la première saison. C'est une vrai série exigeante, qui ne cherche pas à séduire à tout prix le spectateur.

Les personnages sont tous extrêmement forts, en particulier le vrai héros de la série Jimmy McNulty, un personnage à la Crumley, en colère permanente, brûlant sur son passage ceux qui l'approchent de trop prêt. Pas de rédemption dans the Wire, les différents personnages finissent juste par comprendre qu'ils sont ce qu'ils sont, condamnés à avoir la vie que leur choix les conduisent à avoir. Un seul personnage s'en tire, un des clodos camés que l'on voit errer dans les rues de Baltimore dès le début. Mais en contrepoint, un jeune garçon, dont un policier devenu enseignant se prend d'amitié, sombre.

Et puis, il y a la ville de Baltimore, personnage principale de la série finalement : chacune des saisons explorent un thème, les gangs de dealer, les docker et leurs trafics, l'ascension politique dans une ville noire d'un homme blanc, l'école, les médias.

Enfin, la photo est parfaite et le morceau de Tom Wait "Down in the Hole" repris à chaque saison par des artistes différents, donne le ton dès la première saison. Comme ce morceau un peu poisseux, The Wire est une série addictive qu'il faut regarder patiemment, en prenant son temps, totalement fascinante.

10 septembre 2009

Voir Naples et mourir (sur Gomorra)

La maffia a toujours été, pour les cinéastes et leurs spectateurs, un obscur objet du désir. Des classiques (Le parrain, Scarface) à la série les Sopranos, elle est devenue dans l’inconscient collectif une sorte de société parallèle, un peu fascinante, avec ses valeurs (la fidélité à la famille au sens élargi du terme), le tout gommant un peu ce qu’elle est au fond. Une organisation criminelle.

imagesGomorra est précisément un vrai choc salutaire : le film, par son aridité formelle, ne laisse aucune place au fantasme. Les séquences se suivent,  et construisent, plan après plan une vision d’ensemble assez effroyable où le peu d’humanité qui reste chez certain est broyé, irrémédiablement. C’est le cas de ce chef d’atelier de contrefaçon qui va transmettre son savoir à des ouvriers clandestins chinois, qui se lie avec leur chef avant de voir celui-ci exécuté froidement devant ses yeux. C’est le cas aussi de ce très jeune garçon participant à l’exécution de la mère de son meilleur ami, mère à qui la veille encore il apportait des courses. 

L’image forte du film reste ce long ou deux adolescents jouent à tirer à la mitraillette, en simple slip, au bord de l’eau.  Le plan ne laisse aucun doute sur leur destinée, aucun espoir sur la manière dont ils vont finir. Dans ce film, les maffieux ne sont pas des robins des bois modernes, soumis à un code de l’honneur. Ce sont justes des criminels et leur vie est faite d’exactions, de trahisons et de violences.

Le réalisateur (comme le journaliste qui a écrit le livre adapté là) n’est pas fasciné par l’objet de son film.Et çà, c’est suffisamment rare pour être noté.

 

3 septembre 2009

Skate or die

C'est toujours compliqué l'adaptation à l'écran des romans. Compliqué parce que chacun des protagonistes, l'écrivain d'un côté, le réalisateur de l'autre, a un point de vue fort sur l'objet du film. 18772531L'écrivain déjà parce qu'il a intimement porté l'écriture de chaque ligne et la non écriture de beaucoup de choses, laissant une part de mystère et de rêve aux lecteurs. Le réalisateur ensuite, parce qu'il doit traduire en image une histoire et ses propres sensations. Et quand le réalisateur et l'écrivain sont la même personne, cela ne résoud rien : Michel Houellebecq, dans sa tentative pathétique et un peu désesperée d'adapter ce qui est pourtant à ce jour son chef d'oeuvre (la possibilité du île), renonce au milieu du film et laisse celui-ci voguer vers l'absurde.
Habituellement, étant une plus grande lectrice que spectatrice, je lis les livres, puis je regarde les adaptations. Et je suis souvent critique, ne retrouvant pas restranscrit ce que j'ai pu ressentir. Ce qui logique. L'esthétique du réalisateur prime. De manière quasi inédite, je viens de lire un livre dont j'ai déjà vu l'adaptation ciné. Paranoid Park, de Blake Nelson. Le livre est fantastique, racontant l'histoire d'un jeune garçon, à un âge charnière, qui vit un événement fort qui va modifier sa vie en profondeur. Les images de Gus van Sant (j'ai adoré ce film, comme à peu près tout ce que ce réalisateur a fait, à l'exception du trop métaphorique Kurt) ont bercé toute ma lecture, les images de du skate-park sous le pont ne m'ont pas quittées, chapitre après chapitre. Une expérience intéressante donc : même si intrinsèquement le livre est bon, il est encore plus puissant porté par les images de Gus van Sant, si fortes qu'elles restent ancrées longtemps après avoir vu ce film...

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28 août 2009

Le courage des oiseaux

lamusique_rpDominique Ané et moi, c'est une longue histoire, une histoire de 17 ans, de celle qui compte. Lorsque l'album "la Fossette" est sorti en 1992, j'écrivais dans un fanzine qui régulièrement s'en prenait aux artistes d'expression française. La première écoute de cet OVNI intégral me laissa sans voix. Et incapable d'écrire un seul mot, tellement ces miniatures pop aux textes cinglants, aux arrangements squelettiques m'avaient sonnée. Puis il y eu ce concert à Paris où, tel un boxeur, luttant avec sa gretsch rouge, sa boîte à rythme il nous mit tous KO. Le courage des oiseaux deviendra ce soir là une de mes chansons favorites.
Lorsque j'ai commencé à faire des interview pour Campus (Brume à l'époque), c'est avec lui que j'inaugurais cette nouvelle tâche. Je découvris alors un garçon très à l'aise (ce que ses chansons, ses prestations sur scène ne laissaient pas entrevoir), très drôle, curieux de tout. Je l'ai interviewé si souvent que c'était devenu une source de blagues entre nous. Enfin, non, une fois je n'ai pas pu aller au bout de l'interview : ce jour là, il partageait la scène avec Miossec et Katerine (à l'Entrepôt) et tout le monde était complètement ivre à 4 h de l'après-midi !

Pour revenir à la Fossette, par ce disque, Dominique A a ouvert une porte et une brèche dans la chanson française. Une porte par laquelle des tas d'artistes se sont engouffrés (Miossec, Philippe Katerine, Diabologum en autre). Une brèche aussi parce qu'il a inauguré une autre manière de faire de la chanson, une manière inédite, sans figure tutélaire connue. C'est quand d'ailleurs il essaiera de se rapprocher d'une figure importante (Bashung) qu'il fera son plus mauvais disque (Tout sera comme avant).

Je trouvais que depuis Remué, disque pivot de sa discographie, il avait un peu perdu le sens (comme il le dit dans la première chanson de La Musique). Entre deux albums poussifs (Auguri et L'horizon) se trouvait en plus le très pénible disque bashungien, avec une volonté de faire oeuvre et de devenir un chanteur à voix. Je n'avais pas perdu espoir d'entendre à nouveau un jour un très bon disque de Dominique A. J'étais juste patiente. Et un peu étourdie. J'ai complètement zappé la sortie de son disque en avril dernier. Et il faudra la programmation de France Inter pour attirer mon oreille et Deezer pour écouter ce disque.

Ce disque est une vrai bonne surprise : même si, il ne faut pas exagérer certains vont vite en raccourcis, ce n'est pas la Fossette non plus sous prétexte que c'est enregistré à la maison. Les 4 pistes sont devenus 32 pistes. Et puis c'est le disque d'un garçon qui a 40 ans, ce qui laisse supposer que ce qu'il écrit se nourrit des dix sept années passées depuis la Fossette.

A mon sens, c'est plutôt un nouveau pivot dans sa discographie, que l'on pourrait comparer à Remué. A l'époque de Remué, il avait fait le choix d'un disque énervé, plein de guitares, très rock, en marge de la production française de la fin des années 90 (à l'exception notable de Dionysos). Aujourd'hui, alors que le rock est à la mode, que la folk musique revient (que de guitares sèches et de banjos !), il prend le parti d'arrangements électroniques, un peu à l'ancienne. Les chansons elles sont toutes conçues comme des pop-song (le bruit blanc de l'étéi, single parfait), et la variété de sa voix (retenue sur le Sens, un peu emphatique sur la Musique) donne du relief à l'ensemble. Les textes sont ciselés à merveille, avec des thèmes récurrents (l'absence, le temps qui passe, les difficultés de communication, la pesanteur des relations).
C'est un de ces disques, qui, dès la première écoute conduise à la seconde. Une vrai réussite.

"J'ai tout essayé, j'ai pas trouvé le sens. Mais pour tous c'est la même béance"

22 juillet 2009

H-Burns, Dylan et moi

Samedi dernier, lendemain d'une soirée à la maison, je retrouvais mon carnet fétiche avec deux pages occupées par une écriture autre que la mienne, et par une liste de titres classés de 1 à 12 sous l'appellation : Bob Dylan, introducing. Devant ces deux pages, je me suis dit, voilà, tu y es, tu vas devoir écouter Dylan et en penser quelque chose. Ou du moins essayer de comprendre l'importance de cet artiste pour des tas de personnes dont le rédacteur de la liste. Aux grandes questions, les grands moyens, enfin, merci Deezer, et constitution de la playlist dans l'ordre en alternant les morceaux originaux et des reprises, ce dernier artifice me permet d'avoir une autre écoute des chansons en levant l'hypothèque de la voix. Au passage, je récupère aussi l'URL d'un site avec les paroles (mon anglais est bon mais la diction de cet homme est étrange). Et puis je décidais aussi de prendre du temps pour écouter ces douze chansons, une fois n'est pas coutume. Et enfin dans la canicule grenobloise de cette semaine, c'était aussi une manière agréable d'occuper des soirées trop solitaires. Sur chaque chanson, il y aurait beaucoup à dire, déjà parce que les textes sont effectivement riches, chacun constitue un bout d'histoire, des sentiments décrits avec acuité et humour (souvent sarcastique). C'est valable pour les chansons très personnels comme pour des chansons plus sociales ou politiques, avec souvent plusieurs niveaux de lecture. C'est probablement le cas pour le morceau que je préfère sur les douze, Fourth time around, qui parle clairement de sexe en utilisant des images inhabituelles (un peu désuètes d'ailleurs, et pas toujours du meilleur goût !). Au niveau de l'écriture, je préfère dans cette sélection le story-teller de The Lonesome death of Hattie Caroll, plus direct, moins liée à la vie de Dylan (que je connais peu finalement. d'ailleurs je le croyais même mort encore récemment !). Musicalement, j'aime bien Positively Fourth Street ou Queen Jean approximatly : en clair, je trouve les autres chansons un peu nues (c'est probablement ce qui fait leur force d'ailleurs), je ne suis pas une acharnée de l'harmonica et la guitare est un peu sèche pour moi. En même temps, ces chansons plus nues dans la magistrale Don't think twice it's alrigth sont aussi plus intemporelles, des classiques indémodables. Mais il y a la voix : malgré la qualité intrinsèque des chansons, la puissance des textes, je ne me ferai jamais je crois à sa façon de chanter. Ou du moins, mais c'est en lien avec ma relation très particulière à la musique, cela me coupe toutes formes d'émotions directes : ce qui fait qu'intellectuellement je peux m'intéresser à Dylan (d'ailleurs il faudra que j'écoute des disques entiers), mais qu'émotionnellement, je resterai à distance. Evidemment j'ai trouvé d'excellents cover des morceaux sélectionnés (Brian Ferry entre autre, ou encore Yo la Tengo) mais en même temps l'intérêt des chansons, des textes en particulier, me semblent indissociables de leur auteur. Donc acte. En réfléchissant, je pense au travers de ce lien à Dylan qui m'était proposé avoir retrouvé la nature de la relation que j'entretiens avec Morrissey depuis cette année de mes 16 ans où, à Berlin, sur le KuDam, je m'étais procuré l'album The Queen is dead. De Morrissey j'aime tout : la voix, toujours au bord du faux (c'était avant qu'il ne prenne des cours de chant et devienne crooner !), les guitares cristallines de Johnny Marr, les textes. Ces derniers sont remarques en tout point : ironie, second degré et références littéraires mêlées...J'ai toujours eu l'impression qu'il me parlait directement au travers de ses chansons...ou qu'il écrivait les chansons que je n'écrirais jamais. Un peu des deux je crois. D'ailleurs, iI faudra que j'interroge mon 'passeur' dylanien sur ce qu'il pense de Morrissey. Et je lui ferai une liste à écouter.
8 novembre 2008

A découvrir absolument

imagesla Bobine est un lieu étrange, au premier abord, tout à fait sympathique, jolie courette intérieure où les fumeurs se réfugient, intérieur boisé chaleureux, petite salle de concert intime à l'étage. La programmation y est éclectique, et parfois pointue (Then Stranded horse ou encore Mendelsohn l'année dernière) souvent surprenante comme ce soir là, Experience. Suprenante car je pensais qu'ils n'existaient plus, j'avais zappé la sortie de leur troisième album. Je suis venue par attachement profond à Diabologum, groupe fondamental qui entre 1993 et 1998 publiera trois albums essentiels dont l'extraordinaire #3. Je garde un souvenir ému de cet album, acheté en CD et en vynil, j'étais littéralement resté scotché un week-end complet à écouter ce disque dont les paroles, dix ans après, trouvent toujours une résonance en moi. Puis sur les cendre de Diabologum naitront deux groupes, le cérébral Programme d'Arnaud Michniak et la version révoltée plus teenage de Michel Cloup, Expérience donc. Avant ce dernier concert, deux souvenirs deux sur scène : en étrange première partie de New Order à l'Olympia dont je n'ai gardé que peu de sensations, et en ouverture pour Chokebore à l'entrepot qui avait ce soir là fait un concert neurasthénique inattendu. Bref, autant dire que j'étais surtout là pour voir des amis et boire quelques bières. Le concert fut honnête, Michel semble moins muet qu'avant, en tout il manifeste un vrai plaisir à jouer. Le son était bon, ce qui est rare à la Bobine...et, un des événements de la soirée : un gars n'a cessé d'hurler "shellac" ce qui est quand même plus élégant que le sempiternel 'a poil' inévitable dans tout concert rock qui se respecte. Mais ce n'est rien à côté de ce garçon, un peu vautré au bar, commentant ainsi 'non mais la musique çà va. Mais les textes c'est vraiment trop Benabar"...
23 juin 2008

Faite de la musique

Hier matin, 9h, avenue alsace-lorraine, encore dans le brouillard restant d'une excellente soirée partagée entre le génie de Dj Goodka dans une petite rue voisine et l'horreur d'avoir sous ses fenêtres un groupe reprenant (mal) du Métallica :
Vieux n°1 : "Ce que je comprend pas avec les jeunes qui font de la musique maintenant c'est que ce ne sont plus des chansons comme dans l'ancien temps"
Vieux n°2 : "ben oui c'est vrai, ils crient tout le temps. Crier c'est pas chanter. c'est crier"

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Le courage des oiseaux
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