Here lies one whose name was write in water
J'ai regardé récemment Bright Star, le dernier film de Jane Campion sur
la vie de John Keats, le célèbre poète romantique anglais. Le film est magnifique,
incarnant à merveille le romantisme au sens littéral et littéraire du
terme, dans les émotions décrites (d'une violences inouïes mais d'un
contrôle total), comme dans les décors, en particulier cette abondance
de fleurs et de jardins, toute droite sortie d'un tableau de Monet ou d'une
aquarelle de Turner. Le soin apporté aux décors, des tissus
d'ameublement aux robes extravagantes que l'héroïne se cout, tisse un
écrin soyeux pour les émotions à l'eau forte des différents protagonistes. Cela m'a fait penser à deux autres grands films histoire d'amour absolue où deux êtres se ratent : in the mood for love (souvenez vous des robes différentes de Maggie Chueng presque à chaque plan) ou des Parapluies de Cherbourg (avec les tenues assorties au papier peint). Comme ces deux derniers films font partie de mon panthéon personnel, Bright Star m'a logiquement touché, de prime abord pour des raisons esthétiques.
Et puis il est question de John Keats, croisé finalement à plusieurs reprises de ma vie.
En 1986, je découvre les Smiths. En 1987, j'achète The Queen is Dead, à Berlin, sur le Kudam, coincé entre Tender Prey de Nick Cave et un album des Woodentops. Cet album est une des pierres angulaires de ma CDthèque. J'ai coutume de dire que ce disque à changé ma vie, 20 ans après j'en suis toujours convaincue. Dans cet album, sommet du songwriting de Morrissey et de l'harmonie parfaite et fusionnelle avec les guitares cristallines de Johnny Mar, un morceau évoque les risques du plagiat. Dans Cemetry Gates, Morrissey dialogue avec quelqu'un dit être protégé par "Keats and Yeats" qui seraient de son côté. Les deux poètes ont été probablement associés pour la rimes déjà (ils ne sont pas tout à fait contemporain l'un de l'autre), et ensuite parce qu'il était facile de les opposer à Wilde. Bref, je me suis intéressée à Yeats, à Keats puis à Oscar Wilde.
Au printemps 2010, à Rome c'est avec une émotion certaine que je me suis arrêtée devant la maison ou Keats est mort et ou il a vécu avec Shelley, petit demeure suspendu sur les escaliers de la Trinité des Monts, jointure entre la Piazza du Spagnia et l'église Trinité des Monts. Shelley d'ailleurs m'a aussi rappelé un amusant souvenir : j'ai un jour mangé 'sa' confiture de mûre, celle confectionné avec le mûrier de l'université de Cambridge sous lequel il dormait, caviar rouge partagé par les éminents professeurs de lettres de cette belle institution (dont les parents d'un ami).
Bref, Keats a croisé ainsi ma vie à plusieurs reprises son histoire m'a donc ému, touché et ses vers sont de ceux qui transportent. Le film transcrit ceci de manière parfaite, et fait de la poésie non pas une discipline que l'on peut enseigner mais un art sensible et insensé. Le poème qui clôt le film est une merveille de douceur et d'émotions naturalistes.